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PrÉSentation

  • : Moul Boul expérience
  • : Déambulations, observations et divagations d'un jeune journaliste français à Montréal.
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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 01:28

Où l’on apprend que l’attrait du Québec varie au rythme de la température place Jacques Cartier, que la même logique s’applique au pays de la sauce Salsa et de Luis Mariano et qu’introduire une réceptionniste déjantée dans un musée des beaux-arts peut rendre une visite chiante à en crever en une divertissante expérience.

 

19 juillet 2007 : Le Québec est un pays (une province, une nation, un bout de territoire, un point sur la carte, un groupe de gens avec un accent rigolo ?) merveilleux. Il fait un temps magnifique, les journées sont longues et chaudes, la vie culturelle bat son plein. On a du mal à faire son choix entre le festival de Jazz, le festival du rire, le Grand Prix… Le soir, les terrasses de la rue Crescent sont pleines, la température est douce comme les jambes des femmes, que cachent à peine leurs robes légères. Ahhh… (soupir de contentement), j’adore le Québec! Et puis les gens sont adorables. Faut que je songe à m’installer ici, engrosser une pitoune et investir mon PEL dans une Volvo break, des pneus neige et un colley type Lassie.

 

12 novembre 2007 : Putain, ça fait déjà une semaine qu’on se tape notre -3 quotidien et on est que début novembre. Et encore aujourd’hui c’est fête, on n’a pas de vent et il fait soleil! Il neige comme Rocco qui éjacule sur la Côte-Nord et comme disent les vieux ici « Quand y neige sur la Côte-Nord ça va pas fort! » Il fait nuit noire à 16 heures et le moral commence à être sérieusement entamé par les assauts du climat hostile. La seule distraction notable dans le néant culturel montréalais pré-hiver consiste en un pseudo salon du Bourget avec la venue de l’A380 à l’aéroport Trudeau. C’est décidé, je hais le Québec! En plus les rues s’affaissent, les ponts tombent au même titre que le toit du stade olympique. Je ne veux plus entendre les Français chialer sur la température de cul dans l’Hexagone en cette mi-novembre. Chu pu capab’ d’entendre au bout du fil, la gorge serrée par l’émotion un « il fait que 13 à Lyon, tu te rends compte? L’hiver arrive vraiment tôt cette année » ou de lire dans un mail fébrile « On commence à franchement se geler à Paname » quand météo-média m’annonce dans le même temps que la Ville lumière ne cède qu’un seul petit degré à la capitale des Gaulles.

 

Méfie toi quand c’est pas cher pour aller au Canada

Ne t’inquiète pas cher lecteur, et toi non plus cher justicier masqué québécois, tout ça c’est pour de rire. Je ne déteste pas le Québec pour de vrai. J’ai seulement un problème avec les caprices de la température nord-est américaine.

Du coup, vous l’aurez compris, ça pèle sec du coté de chez Garou et pendant que le rocailleux chanteur se tape Lorie sous le soleil des Bahamas, chaque jour qui passe à Montréal me fait prendre conscience que Boubounette va sérieusement en chier quand elle va sortir de l’avion. Je songe à lui acheter une tenue bibendum estampillée du logo du Canadien du plus bel effet.

 

Et dire que Laurent (le père de Boubounette et accessoirement mon frère) se réjouissait d’avoir fait l’affaire du siècle en achetant des billets pour le Québec à cette période. Une fois qu’il aura pris place dans le cockpit désert, peut-être aura-t-il la révélation. Personne ne vient au Québec en décembre! Au contraire, la province se dépeuple aussi sûrement  Comme le dit l’un de mes collègues de boulot, « c’est la période des morts. » Charmant!

 

Afin de ne pas laisser le climat rugueux dicter sa loi, et surtout pour ne pas rester le cul vissé à la casba, j’ai entrepris de sortir notre réceptionniste délurée au musée des beaux-arts de Montréal, samedi dernier. Pour être plus précis, elle a décidé que je devais la traîner dans les galeries d’un musée, peu importe lequel. Devant son regard suppliant que n’aurait renié le chat botté de Shrek, j’ai eu la faiblesse de me plier à la demande. Et bien m’en a pris puisque je dois avouer que nos déambulations au milieu des croûtes des noms illustres de la peinture ont soudain pris un tour fort intéressant. Je dois préciser à ce stade de l’histoire qu’il s’agissait, pour celle qui me menace quotidiennement de plainte pour discrimination (appelons là pour respecter son anonymat « cépasskechuinoire? »), de sa première visite dans un musée! Et un dépucelage culturel c’est assez intéressant à vivre (C’est aussi bien stressant puisque après avoir fait le malin hors musée à balancer de la référence wikipédia, il faut assurer comme une bête devant Dali pour masquer ses faiblesses en histoire de l’art face aux étudiants en beaux arts de McGill venus justement se détendre les neurones cet après-midi ci).

 

Y’en a qui se retournent dans leur tombe

Imaginez plutôt, une jeune femme de 28 ans, bien dans sa vie, bien dans son corps (bien qu’extrêmement orgueilleuse), à la pointe de la mode, apprêtée de la tête aux pieds comme pour le bal des débs, à la suite du haut-alpin mal dégrossi que je n’ai cessé d’être depuis Grenoble, en train de s’extasier sur la moindre galerie d’art au rabais qui jouxte l’édifice du savoir. Première étape, lui expliquer que non, il ne s’agit pas du musée en tant que tel, que toute pièce qui renferme des tableaux n’en est pas nécessairement un.

Aux sempiternels « Et c’est qui celui-là de peintre? » répondent de plus en plus agacés « Mais bordel, je sais pas, c’est encore un de ces torches pinceaux québécois avec juste assez de talent pour exercer place du Tertre. Voudrais-tu bien la mettre en veilleuse jusqu’à ce qu’on arrive au musée? »

 

Mais le cœur de l’action se situe dans la salle des peintres modernes. Dans un petit 300m², les murs se parent des coups de pinceaux géniaux des plus grands noms du cubisme, de l’impressionnisme, du pointillisme… Cézanne le dispute à Monet qui lui-même fait face à Dali. Les visiteurs au garde à vous observent un silence religieux et prennent des poses inspirées afin de convaincre leurs comparses de toute la science esthétique qu’ils portent en eux. Seule une voix peu complexée se fait entendre et brise l’implicite règle muséale du « ferme ta gueule et contemple ».

« Bon alors, c’est qui lui?

-         Ben c’est une toile de Monet, le peintre à l’origine du mouvement impressionniste

-         Et ça représente quoi?

-         Les côtes normandes en France

-         C’est ben fade!

-         Mais non, c’est tout en nuances, c’est doux, c’est le but de la toile, laisser passer le ressenti de l’artiste.

-         Et lui, c’est qui?

-         Ah, lui c’est Cézanne, le peintre de ma région. Regarde comme c’est subtil, comme c’est beau, comme c’est épuré alors que dans le même temps on ressent toute l’intensité de la Provence. Il était le principal concurrent de Renoir aux beaux...

-         C’est laid!

-        

-         Bon, je vais m’asseoir en attendant que t’aie fini de t’émerveiller devant chaque tableau.

-         Putain, mais c’est pas un banc public, c’est un bronze de Rodin! Espèce d’inculte!

-         Ouhhh? C’est parc’que chuis noire? »

 

Le reste de la visite a été du même acabit, autant vous dire que j’étais bien content de quitter les lieux, même si je dois dire que tout cela a été bien rafraîchissant.

Sinon, c’est confirmé, j’ai obtenu mes vacances, saigné mon portefeuille, je pars me faire cramer l’épiderme sur le sable d’Acapulco du 20 décembre au 6 janvier!!

Les premiers flocons sont tomés sur Montréal, marquant l’implacable début de la migration canadienne vers les contrées du sud. En vertu d’une règle sociale, plus t’as de thune, plus tu descends, les moins riches se ramassent sur les côtes de Floride et les plus aisés à siroter une Caïpirinha au Brésil.

Sur la photo, c’est Pépé, mon ancien coloc mexicain avec la maillot de Nasri. Dans le mooonde l’Ohaimeux!!
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