Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PrÉSentation

  • : Moul Boul expérience
  • : Déambulations, observations et divagations d'un jeune journaliste français à Montréal.
  • Contact

Recherche

Archives

2 mars 2007 5 02 /03 /mars /2007 06:09

Où l’on apprend que la québécoise est composée de 80% d’eau et à 20% de paradoxes, que l’ostéopathie a des vertus insoupçonnées et qu’un noyau dur d’exception culturelle squatte le 26ème étage de la tour de la place Ville-Marie.

 

Au bout d’un mois et demi passé loin de mon pays, je dois bien avouer que certains de ces aspects me manquent. Les cigales qui confondent le printemps avec l’hiver (je suis tanné d’entendre les « t’as ben d’la chance, c’t’année on a eu un hiver d’français » à chaque fois que le thermomètre à l’impudence de s’aventurer au dessus des –10°C), les engueulades avec le grand frère sur la politique et le journalisme et surtout, surtout, les apéros à la sortie du taf sur le zinc accueillant d’une taverne qui fleure bon la Guinness et la Kilkeny. Le désormais célèbre et demandé Fab Puntos, ainsi que le moins demandé mais non moins sympathique Vinh on plus d’affinités avec la vodka red-bull de 3heures du mat’. Il faut que je me trouve des partenaires d’apéro.

Bref, je perds un peu le fil. Revenons en au sujet qui nous intéresse. La France me manque un peu ces temps derniers disais-je, et c’est donc un brin de nostalgie accroché au bout du cœur que je suis retourné au pays ce matin. Je vous arrête tout de suite, je n’ai pas atterri à Roissy et non, je ne tiens pas ce blog de manière clandestine coincé entre deux mosquées secrètes dans le sous-sol dudit aéroport. Arrêtez de lire De Villiers !

Je me suis plus simplement présenté au Consulat général de France de Montréal, dans l’espoir fou de procéder au renouvellement de mon passeport et ce, ambition déçue, rapidement. J’avais bien préparé mon coup. Mon absence était négociée au bureau, j’ai repéré mon itinéraire la veille au soir (isn’t it amazing ?), j’ai même pris le bus précédent pour être sûr d’arriver à l’ouverture. Il faut savoir que notre bout de pays en terre québécoise, se situe au 26ème étage d’une tour sans charme (un peu à l’image du ministère de l’Amour dans « 1984 », vous voyez ?) et se distingue clairement. Coincée entre les bureaux d’Ernst&Young d’un côté et Deloitte Touche de l’autre, l’entrée se situe au bout de la queue. Parfois, un consultant dynamique, costard Paul Smith, pompes Berluti, Blackberry dans la main droite, Power book G5 dans la gauche (qui a dit Bolino ?) propose d’un ton anglophone (Ok, personne) dédaigneux de revoir les process d’admission de la foule afin d’améliorer l’efficacité performative administrative et dégager un cash flow de 15% pour satisfaire aux exigences des actionnaires.

Lorsque personne ne lui répond, les ressortissants se montrant fidèle à leur bilinguisme français/beauf, il se rend compte qu’il s’est planté de porte. Vous aurez donc compris, le Consulat français c’est comme les urgences québécoises, les infections nosocomiales en moins, les posters sans âge du Pas-de-Calais et du Limousin en plus.

Bien qu’arrivé à l’heure d’ouverture, je me retrouve affublé du numéro 50 après avoir sacrifié à la traditionnelle cérémonie du « posetessoustesclésettoutobjetmétalliquesurlatablette », qui nécessite entre autre rite de passage, la traversée du portique à détecteurs de métaux et le toucher rectal réglementaire pour prévenir de tout acte de malveillance.

Dire que j’avais dit à mon boss que j’en avais juste pour une petite heure ! On oublie vite les subtilités de l’administration française.

Je passerai sous silence l’heure suivante essentiellement composée de périodes de somnolence, de soupirs douloureux et de coups d’œil furtifs à la pendule de l’entrée. Je suis enfin appelé à passer dans le bureau de Sylvain, joyeux drille auvergnat avec qui, je le sens, je vais me fendre la poire. J’ai tous les papiers. L’acte de naissance attestant de ma venue au monde à Marseille, malgré les propos négationnistes de Laurent Moulet sur ce point, les photos aux normes, des pièces d’identité en veux-tu, en voilà et même une attestation sur l’honneur de mes colocataires que j’habite bien à l’adresse indiquée, obtenu après un douloureux exercice de séduction. « Salut, tu veux pas me raconter ta journée ? Ca va bien dans ta vie ? La famille, les gosses, tout ça ? Au fait, tu veux pas signer sur ce papier, je suis grapho-médium, je peux lire l’avenir dans l’encre de ton stylo ».

Bref, je suis béton (et pas seulement en référence à mes abdos). Sylvain jette un vague regard approbateur sur toute cette paperasse. Il est dans son élément le Sylvain. On sent la machine, biberonnée aux formulaires B-42. Et là, contre toute attente, Sylvain me sort un truc qui m’énerve au plus haut point.

« Vous voulez faire refaire votre passeport ?

-         Non connard, je suis venu te proposer de faire une partie de Twister

-         Pourquoi ?

-         A ton avis bouffon, que fait le Français de base quand il se trouve à moins de 100 bornes de la frontière qui le sépare de l’Oncle Tom et à 6 heures de New York ?

-         C’est pour aller aux Etats-Unis ?

-         Implacable esprit de déduction !

-         Ben c’est pas la peine de demander le passeport électronique, tu peux t’y rendre avec celui là sans avoir besoin de visa. »

Oh là, minute Francis, c’est quoi c’t’histoire, on nous rebat les oreilles avec un discours sécuritaire, on nous explique que les USA n’acceptent plus que les passeports à puce et toi tu me dis que je peux aller voir Ground Zero avec mon passeport facilement falsifiable, sans qu’on me prenne pour un taliban ?

La démonstration qui suit est des plus claires. « En fait, les passeports comme le tien sont refusés par le gouvernement américain depuis le 26 octobre 2005. Le tien date du 25 mai 2005. Il est donc parfaitement valable, je te le garantis. » Ok Bob, je sens le mauvais plan à des kilomètres.

Une vision vient me frapper. Je suis en pleine salle d’interrogatoire américaine, face à deux commandants Sylvestre, le gentil et le méchant en train de leur expliquer que mon passeport sans garanties de sécurité, parfaitement similaire à ceux qui sont interdits ne présente aucun danger parce qu’il est plus ancien. A moins de tomber sur un collectionneur compulsif de documents administratifs hexagonaux, sensible au savoir faire artisanal du début du millénaire, je ne suis pas persuadé de pouvoir faire un pas dans l’un des 50 états du pays de Ford et McDo sans me faire descendre. Au terme d’une âpre discussion à grand renforts d’arguments massue, j’arrive enfin à obtenir ce que j’étais venu chercher. 1h45 et 91dollars après, j’obtiens finalement ce que je convoitais. La promesse de recevoir dans deux à quatre semaines mon précieux sésame. « Ca te laisse le temps de passer aux Etats-Unis avec ton ancien passeport » me lance sans rire Sylvain au moment où je passe la porte en maudissant l’administration qui m’a vu naître.

Pour évacuer tout ce stress, je me rend à la sortie du boulot dans les locaux de ma charmante ostéopathe pour régler un petit problème de vertèbre cervicale récalcitrante. Marie-Pierre, n’a pas, contrairement à ce qu’indique son prénom, 80 ans. Il s’agit d’une superbe petite brune, qui porte son début de trentaine à merveille. Une ligne racée sur laquelle ne paraissent pas les stigmates de sa récente grossesse. Rire cristallin et mains expertes, je suis aux anges. Quand la secrétaire m’avait annoncé son nom au téléphone, je m’imaginais manipulé sans ménagement par un clone de Mother Boyle. J’ai toujours pensé que la manipulation des os était un boulot d’hommes tant mes précédents ostéo en France prenaient plaisir à faire craquer ma colonne à grand renfort de prises de catch complexes. La douceur ça marche aussi. Toute la difficulté réside dans la concentration sans faille qu’il faut maintenir afin d’éviter l’érection mal controlée.

L’exercice est d’autant plus délicat que la charmante manipule le bassin en caressant les fesses de son patient, le visage à quelques centimètres à peine du jardin d’Eden. Et ce avant que de pratiquer les fameuses prises de catch, tout en délicatesse, enfouissant mon visage dans son corsage. Et c’est toujours aussi subtilement que la belle vous apprend, alors que vous révisez le kama sutra en mode rapide (comment ça y’a plus que trois positions dans le kama sutra), qu’elle est mariée, amoureuse et mère d’un magnifique bambin répondant au doux nom de Maxence, mais que Clément a été son premier choix de prénom. Très efficace pour rappeler l’existence d’une barrière patient-médecin.

Et puisque que je constate une demande insistante pour introduire un peu de débauche et de sexe dans ce blog, et dans l’espoir d’attirer de juteux contrats pubs et une foule de spyware et autres adware pour vos disques durs, je vais vous parler de la femme québécoise.

Il existe un mythe de votre côté de l’Atlantique qui veut que la femme québécoise est moins prude que la Française et qu’elle aborde sans ménagement tout représentant de la gent masculine en âge de procréer. Je dois préciser ici que le portrait est un peu exagéré et doit probablement être le fruit d’esprits lubriques tourmentés. La meilleure preuve est que je n’ai pas encore été victime d’agression sexuelle féminine (pas plus que masculine, que ce soit clair !!). Si autant d’atours n’ont su faire baisser leurs armes aux demoiselles (sauf à la standardiste de la Commission qui me harcèle), il s’agit bien d’un mythe. La démonstration est imparable. Et si certains avaient encore des doutes, sachez qu'une récente étude sur la question a démontré que seules 7% des québécoises estiment qu’il leur revient de faire le premier pas envers un homme. Dans le même temps, une majorité de ces mêmes québécoises revendiquent l’existence d’une société plus matriarcale que dans notre bonne vieille France. Les hommes seraient plus intimidés par le comportement offensif des femmes. On n’est pas à un paradoxe près.

 

 

PS : - Ah, au fait, la Seine coule au centre de Montréal, le saviez-vous ?

- Ca frémit toujours du côté du taf, mais il est encore trop tôt pour en parler.
Partager cet article
Repost0

commentaires

B
hola le cous, n ayant pas de nouvelles je viens te faire un chti coucou sur ton blog que je viens de decouvrir ; si j avais su j y serais allée avant mais bon y a que laurent pour me mettre au courant et comme je ne le vois pas tous les jours ... enfin ceci dit j envisage d aller a marseille boire qlq pastagas ...<br /> see you at the weeding <br /> kiss you
Répondre
L
souvenirsj ai pour ma part testé le consulat français à buenos airesmême version higt tech du batiment, la sécurité en moins,c est a peine pouilleuse que j ai salué l' unique gardien ,et me suis retrouvée face à L EMPLOYEE type du consulat , dans la belle lignée de la secretaire marseillaiseun accent racé , du genre le moindre effort de prononciation me tueet la gentillesse incarnée"pourquoi faire annuler votre passeport ?heu , parce qu on me la piqué avec ma cb en option !oh vous savez ça ne sert a rien un passeport volé dans un bidonvilleha ok j ai du voir trop de films , mais désactive le quand même je te prie , et pour la cb je te fais un dessin ?"en réalité ce fut plus courtois grace a l intervention de benjaminmerci gars !au final ça c est quand même soldé par quelques euros tous frais pour l état français qui m 'a vue naitre !pour la zique je te conseille clap your hands say yeah ,qui sont de je ne sais pas quel pays anglophoneet qui ont sorti un nouvel album comme arcade fire ...sur ce enjoy bisou de ta cousine géraldine
Répondre
A
Salut Clément !<br /> Allez, un peu de nostalgie.<br /> Ce matin, j'ai mangé un croissant au beurre avec un expresso très serré en écoutant Diam's à la radio.<br /> Bon, je suis sûre que le métro ne te manque pas, mais une bonne baguette croustillante... Tu veux que je t'en envoie une par Chronopost ?<br /> <br /> Profite bien de ton séjour, drague bien, et surtout continue à alimenter ton blog d'anecdoctes rigolotes, on adore ça !<br /> <br /> Gros bisous (comme on dit à Paris)<br /> <br /> Audrey
Répondre
T
Tu as le droit toi aussi de te bouger. D'ailleurs des nouvelles de la jolie mexicaine??<br /> Bises<br />
Répondre