Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PrÉSentation

  • : Moul Boul expérience
  • : Déambulations, observations et divagations d'un jeune journaliste français à Montréal.
  • Contact

Recherche

Archives

13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 05:32

Où l’on apprend que la glace n’est pas exclusive au pastis, que les autoroutes Québécoises ressemblent à s’y méprendre à celles du Pas-de-Calais et que nos compatriotes des DOM ont une interprétation personnelle de l’hospitalité.

 

Tout avait commencé au détour d’une altère (oui Aurelle, je continue à aller au gymnase). Benoîtement, je propose à Vinh et Fabrice « Eh les gars, ça vous dit pas qu’on se sorte les doigts du cul et qu’on aille voir un peu du pays, à force de rester à Montréal, je commence à avoir des escarres sous l’cul.

-         Ben, c’est à dire, ce week-end j’avais prévu de dévaliser le Foot Lockers du boulevard Maisonneuve

-         Mais putain, la semaine dernière c’était Sport experts.

-         Ouais, mais tu comprends, j’ai besoin d’une nouvelle casquette qui s’accorde avec mes pumas blanches (euh, Vinh et Fab, c’est juste pour déconner)

-         Bon, ok, mais moi c’est sûr, je me casse, direction Québec ! »

Voilà donc comment tout a commencé. S’en est suivi un appel à l’agence de location de voitures. J’ai opté pour cette solution très onéreuse, mais qui présente l’avantage non négligeable de m’offrir une liberté de mouvement totale. Ainsi, j’ai la latitude la plus large pour sortir des sentiers battus et prendre un max de photos de la nature québécoise qui, comme le précisent à longueur de pages et d’années les magazines de voyages, ne manquera pas d’être foisonnante et chatoyante.

Samedi matin, 8h, je prends possession d’une Hyundai Elantra flambant neuve et en route Marcel !

Je ne fais que peu de cas des mises en garde de mes collègues de travail qui m’assurent que les 250 kilomètres qui séparent Montréal et la capitale de la Belle-Province est « platte ». Qu’ils sont blasés ces québécois, ils ne voient plus la beauté de leur région. Un peu comme s’ils s’extasiaient devant un champ de lavande en Provence alors que c’est d’un commun. Sûr de mon coup, j’entreprend d’engager les quatre roues de ma puissante berline (mais puisque je vous dit que c’était bien une Hyundai et qu’elle était agréable à conduire) sur l’autoroute 20. L’itinéraire est un peu plus long qu’en passant par la 40, mais d’après mes repérages, il longe le Saint-Laurent (aucune référence au frangin) et je vais m’en mettre plein les mirettes. Après avoir calé le « Cruise control » (le pilote automatique quoi) sur 110km/h (la vitesse maxi autorisée sur autoroute est de 100, et c’est amplement suffisant) je n’ai plus qu’à avoir les yeux aux aguets et laisser la nature me dévoiler ses charmes. Au bout de 100 bornes, je suis sur le point de m’endormir. Seule les (nombreuses) aspérités de la route me maintiennent éveillé, prodiguant un vigoureux massage à ma colonne. Les amortisseurs se battent vaillamment mais son largement dépassés par les trous et les bosses qui font office de bitume. Quand je vous disais qu’on se serait cru du côté de Marcq-en-Baroeul… Voilà une heure que je roule et le paysage alterne entre des bouleaux maigrichons et de grandes plaines plates et désertiques, parfois ponctuées d’immenses panneaux publicitaires à la gloire d’un bar à pute de Trois-Rivières. Les panneaux jaunes sur le bord de la 2x2 voies préviennent du risque de tomber nez à nez avec un Caribou (il faut savoir que les autoroutes ne comportent pas ici de barrières de protection), mais la seule présence animale notable réside dans la paire de poulets croisés sur le bord de la route, dans leur Ford au moteur gonflé. Et le Saint-Laurent n’est visible en aucun endroit.

Bref, je commence à croire que les qualités et les paysages québécois gravés dans notre imaginaire ne sont que le fruit d’un complot de l’Office de tourisme local destiné à pousser les européens à cracher leur pognon dans d’onéreux voyages.

La suite de la route est du même acabit à ceci près que passé Trois-Rivières, les panneaux publicitaires vantent les boîtes de strip-tease de Québec.

Sur les coups de midi, j’arrive enfin dans la capitale. Je commence par tracer à l’auberge de jeunesse confirmer ma réservation. Placée en plein cœur du Vieux-Québec, l’Auberge de la Paix est une charmante bâtisse tenue d’une main de fer par une gérante quinqua souverainiste et francophile. Elle m’indique mon numéro de chambre et me charge les bras d’un set de lit. Je m’empresse de monter à l’étage préparer ma couche.

10 minutes plus tard, je suis dehors et je commence mes déambulations dans la vieille ville. Vu que j’ai mis la moitié de ma paye dans l’horodateur, il me reste encore une bonne heure de temps pour aller voir le Château de Frontenac, qui confère à la ville son identité et qui surplombe majestueusement le Saint-Laurent (enfin !), avant d’aller voir l’expo Botero au Musée des Beaux-arts (qui se tient les côtes ?).

Et là je dois dire que le spectacle est à couper le souffle. Imaginez l’imposante bâtisse de briques rouges, au toit de bronze posée sur une falaise d’un cinquantaine de mètres au dessus du fleuve. Ledit cours d’eau est encore à cette époque pris dans les glaces et commence à avoir une certaine envergure à cet endroit de la carte. Le courant charrie d’énormes icebergs en un débit continu à peine troublé par le balai des navettes fluviales qui assurent la liaison entre les deux rives, et le sillon des porte-conteneurs qui entrent et sortent du port de la ville, ou poussent jusqu’à Montréal.

Cette ville a vraiment de la gueule !

Puis, je me dirige vers le musée pour découvrir la production compulsive de Botero (C’est fou ce qu’on peut faire en une seule vie, voire dans son cas en une seule année), non sans me tromper 5 fois de route et me retrouver presque à la sortie de Québec (Ness et Laure, pas de commentaires). Je vous passe les détails de la visite et mes commentaires sur le génie de l’artiste concentré dans la fausse naïveté de ses tableaux à l’embonpoint généreux (LGF, ça devrait te plaire).

Après ce petit arrêt culture bien appréciable, je sors de la ville (volontairement cette fois, et dans la bonne direction qui plus est) avec l’espoir de découvrir l’île d’Orléans dont la pointe fait face au Château de Frontenac. Après m’être engagé sur le pont qui la relie au continent, je me rend compte que l’ouvrage est de belle facture et j’envisage donc de l’immortaliser. Quoi de mieux alors que de m’aventurer sur le fleuve figé ? La glace à l’air épaisse et ce ne sont pas mes 90, 80, ok 72 kilos qui vont la faire céder. J’arrête donc mon char juste après le pont à droite monte l’objectif sur le boîtier et me lance sans crainte sur l’étendue plane et gelée d’où jaillit quelques pitons de glace peu avenants. On a connu mieux comme terre d’accueil. Arrivé à une trentaine de mètres de la rive, je remarque que je suis entouré de fissures de fort belle facture. La glace est littéralement striée. Bon, passe encore. Je commence par contre à m’inquiéter lorsque 5 mètres plus loin je commence à entendre nettement des craquements inamicaux. Comme il y a des limites à la connerie, j’ai vite fait demi-tour pour rentrer tout penaud dans ma voiture et entreprendre le tour de l’Île. De toute façon, le pont était très surfait !

Arrive la fin de ma journée. Je trouve ça un peu triste d’être seul dans cette ville. Après une série de clichés de nuit des remparts du Vieux Québec, je suis tout de même allé me jeter une pinte de Guinness en hommage à mes amis dans un pub trouvé sur le chemin.

Vers 23h30, je décide qu’il est temps d’aller partager un moment d’intimité avec mon oreiller. Je pénètre sans bruit dans la chambre 316, bien décidé à indisposer par mes ronflements peu discrets mes compagnons de chambrée arrivés entre temps et au nombre de quatre. A tâtons, je constate que des affaires sont posées sur mon matelas. Tabarnac ! J’avais oublié les joies de l’auberge de jeunesse.

Constatant l’absence de corps dans ma couche, j’entreprend d’évacuer les indésirables bagages. A peine ai-je commencé mon œuvre, qu’une voix menaçante, quoiqu’en pleine mue s’élève dans les ténèbres.

« Mais t’es qui toi ?

-         Clément Moulet, journaliste américain d’investigation et locataire temporaire de cette couche.

-         T’as du te tromper de chambre.

-         On est bien dans la 316 non ?

-         Ouais, mais c’est la nôtre, on a demandé à la réception de dormir tous les quatre dans la même chambre.

-         Ben vous êtes tous les quatre dans la même chambre non ? Seulement il reste un lit et je l’ai payé, donc je compte y dormir.

-         Ah, mais on nous avais pas prévenu (la voix commence à devenir chevrotante, je m’attend à ce que l’ado mal dégrossi dégaine son portable pour appeler sa mère)

-         Vous avez pas remarqué que le lit était fait ? La prochaine fois, si vous voulez une chambre exclusive, payez tous les lits ! Sur ceux bonne nuit !

-         On verra demain à la réception. »

Après toutes ces émotions (et la bière un peu quand même), je m’endors comme une souche, non sans avoir laissé la deuxième partie de ma paye dans l’horodateur pour éviter que la caisse ne soit embarquée nuitamment par la fourrière.

Le lendemain matin, je suis réveillé par le balai de mes colocs d’un soir qui remontent de déjeuner. Ils s’excusent pour leur accueil glacial de la veille et je constate à la lueur du jour qu’ils sont créoles. Je vois bien que quelque chose les froisse. Ils m’expliquent qu’ils sont allés se plaindre de ma présence à la proprio des lieux et que celle-ci leur a inculqué les principes de l’auberge de jeunesse au bazooka. Le style expéditif de la mère Jocelyne leur est visiblement resté en travers de la gorge et ils continuent un temps à maugréer. Je comprends qu’ils soupçonnent la Jojo de racisme et que leur couleur de peau a du être le principale motivation de l’explication musclée qu’elle  leur a donnée sur les règles de l’habitat communautaire. Les facteurs égoïsme et connerie ne sont pas pris en compte dans leur réflexion. Un parti-pris théorique bien frêle.

Je descends récupérer mes biens précieux confiés la veille à Jojo, qui ne peut s’empêcher de revenir sur l’incident du matin. Elle me tient la jambe encore un bon quart d’heure à base de « les jeunes il leur faut tout maintenant » et de « si y sont pas content, z’on qu’a prendre un hôtel ». Elle a pas tort, mais je m’en fous, je veux juste continuer à visiter la ville.

Manque de bol, il fait un temps à pas foutre un jurassien dehors. Une grosse brume s’est levée et le front nuageux est bas, crachouillant une bruine pénétrante sur le visiteur démuni. Je tente bien de prendre quelques clichés et de patienter en attendant l’éclaircie. Le monsieur de la météo l’a assuré, il devrait y avoir des percées franches du soleil.

Vers midi, tanné d’attendre, j’entreprend de rentrer au bercail. A 100 bornes de Québec, le voile nuageux se déchire pour laisser place à un soleil aveuglant. Et à des températures positives. Je suis vert, mais j’en profite pour faire une halte restauration et bouffer mon sandwiche bœuf gratiné de chez Subway en terrasse.

Bilan du week-end : plutôt positif, mais la prochaine fois je ne pars pas seul.

Ah, une dernière chose, Madeleine ne réponds plus à mes appels. Je ne sais pas comment je dois le prendre.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Par solidarité de lecteur, je cautionne complètement le message de Caro : bordel de merde, t\\\'as acheté un appareil photo à 15 000 euros, c\\\'est pas pour t\\\'en servir de chausse-pied ! Alors des photos, des photos, des photos, on veut des photos... Merde quoi, avec cet argent tu aurais pu te payer 3 jongles de Zidane devant ton sapin de Noël, ça aurait été plus utile pour l\\\'avenir de l\\\'humanité (d\\\'ailleurs si ça te prends de payer les 3 fameux jongles, je pourrai venir ?).Donc respecte nous, nous lecteurs avides d\\\'émotions fortes et de belles images qu\\\'on peut regarder avec les yeux qui sont sur notre tête. Sans cela nous sommes dans une période de manque que tu n\\\'imagines même pas. Ce manque se transforme parfois en crise (j\\\'en ai fait deux cette semaine) qui consiste à : 1/ mugir dans la campagnescomme un féroce soldat, 2/ égorger mes fils et mes compagnes (ne le dis pas à Raph).Bref ce commentaire est un avertissement, la prochaine fois que je t\\\'y reprends à balancer de la phrase sans la photo qui va avec ça va chier et je ferai paraître la pétition de l\\\'A.B.B.E.M (association de boycote des blabla de l\\\'enculeur de mouches ). Nous sommes déjà cent cinquante-deux milles à l\\\'avoir signé.Biz copain.
Répondre
A
Je ne sais pas ce que je donnerai pour manger un "Subway" en terrasse !<br /> <br /> Bizz<br /> <br /> Audrey
Répondre
A
Et bien concernant Madeleine, "curieusement" peut-être que son mec ne souhaite pas qu'elle te voit....... <br /> Enfin je dis ça je dis rien....
Répondre
C
et bien... ce billet était long et , courageux sont ceux et celles qui arriveront au bout !! <br /> Un poil moins long avec des photos pr illustrer ton propos, ça serait top !<br /> Sinon, contente que ton séjour se passe toujours aussi bien et que tu découvres de belles choses !<br /> A+, bises<br /> Caro, "rabageoise" mais le client est roi !
Répondre