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PrÉSentation

  • : Moul Boul expérience
  • : Déambulations, observations et divagations d'un jeune journaliste français à Montréal.
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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 01:59

Où l’on apprend une fois de plus que les frontières américaines sont aussi ouvertes que les cuisses d’une nonne frigide, que la destruction méticuleuse de l’appartement de Moul Boul par Boubounette ne présente aucun retard sur l’échéancier et qu’il est possible de transpirer comme jamais par -22 en pleine forêt canadienne.

 

Vous l’aurez compris, une crise de Boubounite aiguë doublée des symptômes paternel et têtedepineseprendpouruntrappeur m’a tenu éloignée de mon clavier ces derniers temps. Cela ne veut pas dire que rien ne se passe dans ma vie d’immigré français finissant (oui, mon visa ne sera pas renouvelé). Bien au contraire, la venue en mes terres hostiles d’un bout de ma cellule familiale a été prétexte à bien des aventures dont je vais vous conter une partie.

Comme tout bon Français qui s’en vient visiter Montréal, les premières paroles de mon frère, le pied à peine posé sur le tarmac de l’aéroport Trudeau furent « quand est-ce qu’on part à New York? » C’était d’ailleurs son leitmotiv depuis qu’il m’a annoncé sa venue en compagnie de notre paternel. « Et tu nous amène à New York, hein? » me disait-il ainsi lors de notre premier échange téléphonique sur le thème.

Du coup, dès leur arrivée, nous mettons en place toute l’organisation logistique nécessaire pour assurer un week-end mémorable. Repérage de l’itinéraire sur Google maps, négociation de poussette avec les collègues de taf, réservation de la chambre d’hôtel sur les bords de l’Hudson avec vue sur Manhattan, briefing familial sur le sens de l’humour chatouilleux des douaniers américains (« Non Laurent, si tu montres ton cul aux douaniers ça ne fera rire que toi »). Bref, tout semblait sous contrôle.

 

Born in the USA

D’autant plus que dans un accès d’américanophilie, mon frère a insisté pour que nous louions un jeep grand Cherokee histoire de vivre le rêve américain et le cauchemar écologique jusqu’au bout. Précisons à ce stade de l’histoire que celui que nous appèlerons par souci de préserver son anonymat, « tête de pine » s’est éhontément servi de sa paternité pour justifier la location de la plus grosse bagnole au catalogue. Il a d’abord tenté de me convaincre en me sortant des théories fumeuses sur la nécessité dune large banquette arrière pour que ma nièce puisse y dormir durant les six heures de route qui nous séparaient de la Grosse Pomme. Devant mon air dubitatif et visiblement peu réceptif au stratagème du confort de ma nièce, il revint à la charge avec des arguments autrement plus convaincants. Deux mots ont suffi à me faire changer d’avis : « 4.7l, 250 chevaux »!! J’avoue, mon cerveau n’a pas pris la décision, mes hormones s’en sont chargées. Nous restons d’éternels petits garçons, on change juste de jouets.

Mais tête de pine n’est pas prêteur et ce n’est qu’à regrets qu’il daigne parfois me laisser le volant.

Bref, nous avions donc parfaitement planifié le voyage. Dans la voiture, dont nous avions nettoyé le blason Jeep, nous avions disposé bien en évidence une bouteille de Coca tandis que le système audio crachait les riffs rageurs de Foo Fighters. Que du 100% Oncle Sam dans le but non dissimulé de faire bonne impression à la frontière.

Nous voilà donc partis sur les coups de 1h du matin dans la nuit du vendredi avec pour objectif de rallier New York pour le petit déj’. Je sentais déjà l’odeur du café et des œufs brouillés pris sur Times square alors que la ville sort peu à peu de sa torpeur matinale.

Chacun de nous gardait même la main sur le couture de la poche prêt à dégainer à la moindre demande, nos précieux passeports. Dans ce contexte, la nouvelle amitié affichée de notre Sarko national avec son nouveau meilleur pote George ne nous laissait que peu de chances d’entrevoir l’infamie dont nous serions victimes.

 

De l’intérêt d’abandonner son père

Après une heure de conduite en demi-sommeil (cruise control branché et trois virages seulement pour briser la monotonie de l’autoroute, on a quand même fait moins somnifère) les projecteurs de la terre promise nous enveloppent de leur bienveillante clarté. Passe encore le regard soupçonneux du jeune officier qui le premier prend nos passeports. Les choses se gâtent quand nous nous présentons au guichet des douanes où l’un de ses collègues vient vers nous, tenant dans ses mains nos pièces d’identité. À son air, quelque chose cloche. Il me demande de m’approcher.

« Il y a un problème avec ce passeport », me dit-il en me désignant la photo d’identité pourtant joviale de mon père.

« De quel genre? Quel est le problème?

-         Ce passeport n’est pas valide.

-         Comment ça pas valide? C’est un modèle Delphine, mais il est valable pour passer aux États-Unis. Mon frère a exactement le même. C’est quoi le problème.

-         C’est la photo, elle n’est pas aux normes.

-         Mais celle de mon frère non plus alors…

-         Non, pas de problèmes pour votre frère.

-         Donc c’est quoi la suite?

-         Ben vous trois, vous pouvez passer aller à New York si vous voulez, mais pas votre père.

-         Et vous pensez que je vais le laisser là?

-         Je ne sais pas, à vous de voir »

J’ai bien essayé de plaider la cause de mon père et le fait que nous n’avions prévu que de passer deux jours à New York, rien à faire! Je le redis une fois encore, on ne gagne jamais contre un douanier US.

Pour être bien sûr que nous ne nous représenterions plus, le bonhomme a tout de même récupéré les empreintes digitales et pris sa trombine en photo. L’histoire ne dit pas s’il a souri.

 

Oh Canadaaaaa!!!

Au bout d’une heure de tripatouillage d’ordinateur, Woody (il ressemblait pas mal au réalisateur éponyme, tout aussi névrosé, mais moins comique) nous raccompagne à la voiture et m’explique que je dois aller faire demi-tour un poil plus loin et revenir vers le poste frontière canadien afin qu’il nous remette nos passeports.

Nous remontons dans le 4x4 et comme de bien entendu, je commence par me planter d’itinéraire, n’ayant rien compris des explications du douanier, en me dirigeant d’une pédale d’accélération décidée, droit sur les Etats-Unis. Je réalise mon erreur lorsqu’une nuée de points rouges peu engageants commencent à balayer la carrosserie. Devant tant d’arguments convaincants et la sonore poésie de mon frère (« Putain, tête de vier, t’as encore rien compris!! Va t’acheter des cours d’anglais! »), je rebrousse chemin direction Woody.

Il nous remet les documents et nous souhaite un bon retour au Canada. Tellement charmant.

 

Welcome back!

À ce stade, vous vous dites que l’histoire est finie. Oh que non!

Parce qu’une fois que les Américains t’ont refusé l’accès à leur territoire, les Canadiens deviennent soupçonneux en crisse. Alors que nous pensions retourner à Montréal sans autre forme de procès, la première question du douanier ne laisse rien augurer de bon.

« Pourquoi on vous a refusé l’accès?

-         C’est un problème de photo sur le passeport de mon père.

-         Y’a aucun problèmes avec ces passeports. C’est qu’il doit y avoir autre chose!

-         Autre chose???

-         Avez-vous un dossier criminel?

-         C’est une blague?

-         Garez-vous là bas et rentrez dans le bâtiment, nous allons procéder à certaines vérifications. »

Et rebelote pour une heure supplémentaire. Bref, la joie des voyages (des)organisés.

Le retour vers Montréal s’est passé sous le signe d’un concours de synonymes avec pour thème l’amour immodéré des Français pour les States, remporté haut la main par un Laurent furibard qu’il a fallu calmer pour l’empêcher de découvrir contre son gré les vertus des voyages gratos sponsorisés par le gouvernement canadien.

Du coup, il a fallu trouver un autre plan. Ok nous avions une chambre d’hôtel dans le cul, mais ça n’était pas ce qui allait nous abattre.

Après avoir écarté la suggestion plus que malvenue de Laurent qui sur un ton candide me demandait « et si on allait à Toronto? », nous décidâmes de prendre un brin de repos et de nous casser aussi sec dans les Laurentides pour admirer les paysages et se tirer la bourre en Motoneige. Ledit épisode fera d’ailleurs l’objet d’une note très prochaine. Mais celle-ci étant déjà suffisamment longue, et vous entendant réclamer grâce, je vous infligerai un autre calvaire littéraire plus tard.

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commentaires

L
C'est délirant! Papa Moulboul serial killer! <br /> JOYEUX NOEL mon Clem! <br /> Quand est-ce qu'on te revoit alors?!<br />  <br />  
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C
Très très drole Clem...  ils sont fous ces ricains !! Comme si dans la famille MoulBoul vous aviez des têtes de tueurs... <br /> Enfin, ça fera des souvenirs supplémentaires !<br /> Gros bisous à toi et Joyeux Noel Monsieur<br /> A +<br /> Caro
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L
putain mon grand moulboul... dis donc, ça a été la loose votre trip aux states... quelle bande de cons ces ricains. un ramassi de boules de gras enrobées de déjections canines.
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S
Mais d\\\'où tu tiens que nous demandons grâce ? T\\\'as décidé de te la jouer "\\\'humile" ? P.... près d\\\'un mois sans news, pas un post - même pas deux lignes - et il décide de ménager le suspense ?  Saches, cher ami, que j\\\'ai mis deux minutes pour lire ce dernier épisode de l\\\'odyssée de Moulboul. soit moins de 0.20 % du temps de veille de cette journée. Et non, môôôsieur, j\\\'ai rien d\\\'autre à foutre, car je refuse de magasiner dans des  rues bondées, bercée, et par le flot des familles en recherche du "kdo-qui tue-et-pas-cher-et-si-c-possible-pourriez-faire-un-paquetkdo-siouplait", et  par ces putains de chants de Nöel - étant d\\\'avis qu\\\'il faudrait les interdire une fois pour toute (décembre est déjà un mois assez pourri comme ça). Alors la suite, elle vient  ? Tu pourrais faire un effort pour tes derniers mois passés en Amérique, merdum....On attend.
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