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Où l’on apprend que finalement, il faut tout de même certaines compétences pour exercer le métier de traque-presse, qu’une épidémie de signes tribaux s’est emparée de la colocation et qu’après le départ de Deyanera, Ytsel et Brenda, le marché des Mexicaines fait toujours l’objet d’une guerre farouche entre traders du sexe (même si, je l’avoue, mon portefeuille est bien mince au regard de la Holding internationale Fabrice).
Mardi pluvieux sur Montréal, et comme le dit le dicton « Mardi pluvieux, mardi merdeux ». et comme mon humeur varie en fonction de l’implacable équation qui veut que X=A(nuage, ciel dégagé, mitigé)+B (soleil, pluie, bruine)+C (pas de vent, douce brise, tempête tropicale), aujourd’hui j’ai le X dans les chaussettes. Probablement cet état de fait est-il renforcé par les variables D (toujours pas de taf) et E (toujours pas de meuf). Je me suis donc attablé devant mon ordinateur dans le but avoué de tenter de vous arracher un sourire.
Peut-être suis-je aussi un peu dans le « mood for love », parce que je viens de clore une batterie de tests à la Commission des droits de la personne visant à déterminer mon niveau de compétences dans une vaine tentative d’exercer le métier de chargé de com’ pour le compte de ladite institution. Je guettais cette opportunité avec la pugnacité d’un Croisé (le chevalier, pas le camembert) sacrifiant son existence à la quête du Graal. Pas de doutes, le poste était fait pour moi et ne devait, selon mon plan plein d’accrocs, que servir de prétexte à crocheter les serrures des rédactions québécoises, qui n’auraient plus eu qu’à dérouler le tapis rouge au moment où j’en franchirais les portes. Si Sarko a réussi à l’Elysée, y’a pas de raison que je n’y arrive pas à La Presse.
C’est à ce moment de l’histoire que la réalité m’a rattrapé pour me frapper de plein fouet. Première alerte voilà une semaine et demi, je reçois un coup de fil du monsieur Rh de la Commission m’avisant avec la courtoisie administrative de rigueur que mon CV a été écarté sans ménagement en raison de lacunes trop prononcées en administration publique québécoise. Sur le coup, je me résigne quoique un peu déçu de n’avoir pas même été convié à une amorce d’entrevue. Je connaissais mon speech sur le bout de la langue. « Josiane, laissons derrière nous ces différends administratifs. La lutte n’a que trop durée. Je n’ai entrevu l’administration québécoise que par le bout de la lorgnette et je vois bien que ça te gêne. Mais je connais la blague de la blonde qui fait de l’autostop, Josiane ! N’entends-tu pas ton cœur qui veut la connaître ? Avec moi, tout ne sera qu’humour et franches rigolades Josiane. Laissons derrière nous ces différends administratifs. »
Au lieu de sortir de telles inanités, je rongeais mon frein et acceptait l’évidence. Ce n’est que lors de ma visite la semaine suivante à la Commission que la réalité m’apparut sous un jour neuf. Mes mères, sœurs, copines locales ne la voyaient pas de même et m’ont encouragé à taper plus haut. Me voici donc le soir même assis devant le même clavier qui me permet aujourd’hui d’écrire ces lignes, me fendant de ma plus belle frappe pour adresser un chef-d’œuvre épistolaire à la DRH en vue d’une révision de mon procès professionnel.
Premier pari réussi puisque ce matin je me présentais rasé de frais et chemise repassée pour passer les tests écrits de la sélection. Trois heures pour écrire un communiqué de presse d’une page et demie, interligne simple ainsi que pour établir une stratégie de communication sur un sujet et un plan de comm’ sur un autre. Autant vous dire que le timing était serré, d’autant plus que je n’ai jamais de ma vie établi de plan de com ni de stratégie du même acabit.
Vous l’aurez compris, je ne nourris que peu d’espoirs concernant l’évolution du dossier. C’est pourquoi nous allons ouvrir des dossiers plus légers.
Vous n’êtes pas sans savoir que nos Mexicaines s’en sont retournées vers des cieux plus cléments, promptement remplacées depuis la fin de la semaine dernière par une entente venezuelo-mexicaine. Nous disposons donc de deux nouvelles voisines, dont l’une arbore un fessier qui ne saurait laisser indifférents les hommes les plus raisonnables. D’autant plus lorsque cette dernière s’évertue à frotter son arrière train contre la constitution même de la gent masculine. Ni Vinh, ni Fab ne me contrediront. Mais comme un train peut en cacher un autre, une Venezuelienne peut masquer une Mexicaine.
Il faut savoir que vendredi soir rime avec boire. Et plus encore plus lorsque vos voisins sont majoritairement originaires de l’Amérique du Sud. Nous voilà donc embarqués dans une nouvelle soirée où le Bacardi le dispute à la Vodka qui le dispute à la Tequila. Mario et Allan, nos hôtes d’un soir nous accueillent sur leur perron, distant d’environ trois mètres du notre. Les nouvelles venues nous rejoignent quelques minutes plus tard en compagnie d’une invitée. Nous levons tous la tête pour nous retrouver nez à nez avec le plus incroyable visage qu’il m’ait été donné de croiser. Bouche pulpeuse, peau mâte, nez mutin et grands yeux d’un noir insondable renvoient un sourire hypnotisant à nos mines niaises. Valéria vient d’entrer dans la pièce. Chacun de nous n’a plus qu’une obsession en tête, s’attacher les égards de la belle (ça te rappelle quelque chose Laurent ?). Nous finissons par parler gentiment et elle m’apprend qu’elle a seulement 18 ans (elle en fait 22 au moins).
Le lendemain soir, direction une boîte de nuit branchée du Plateau avec trois ambiances DJ bien tranchées. Après une Vodka-Red Bull, je laisse mon corps faire ce que bon lui semble, plus ou moins au rythme de la musique. La belle se met à danser avec moi et nous ne nous quittons plus de la soirée. Comme un gros vier, en fin de soirée, nous sommes assis côte-à-côte et hormis trois ou quatre banalités, un silence gênant commence à s’installer. De ceux qui sont censés te faire comprendre que c’est maintenant ou jamais. Et bien entendu, je me chie dessus.
Mais je n’ai pas dit mon dernier mot dans cette affaire, et comme le dit si bien la loi : elle est majeure ! Je vous tiendrai au courant des développements en la matière.
Pour le reste, sachez que Fab arbore désormais un 3P sur la cheville gauche, savamment implanté à coups d’aiguilles par Rue, tatoueur néerlandais à tendance bonnard. Nous avons assisté avec Vinh à l’opération au cours de laquelle le grand gaillard ne faisait pas le fier, surtout lorsque l’aiguille lui chatouillait le tibia. J’ai appris à cet égard que lors d’un tatouage, la peau est littéralement découpée pour que l’encre puisse s’infiltrer dans les tissus.
Motivé par tant d’encre, Vinh s’est mis en tête de se placarder sur les épaules et les pectoraux un dragon et un phénix.
Et moi ? Ben je voudrais juste me faire tatouer ma carte de journaliste à l’emplacement du cœur.
